Arequipa
Bienvenue dans la “ville blanche” clament les prospectus touristiques… Arequipa est fière de ses nombreuses constructions en pierre volcanique blanche. Sa “plaza de armas”, entourée d’arcades, est animée de jour comme de nuit, c’est une ville plutôt agréable même si les touristes sont très nombreux !! Inconvénient comme toujours, la circulation en ville en camping-car, pas simple ! Nous avons dormi dans un parking gardé (pour les voyageurs c’est au 412 calle Moral, s’il y a de la place ! 35 soles pour un grand camping-car pour 24h, moins si c’est une voiture, mais ça inclut électricité, wc et douche dans un local pour le moins spartiate mais ça dépanne !!), en plein centre ville, c’est bien pratique pour visiter mais on ne s’y attarde pas! (pour info 1€=3,80 soles)
Ce que nous avons aimé par dessus tout c’est la visite (30 soles par adulte) du monastère Santa Catalina, une “ville dans la ville”, d’une superficie de 20 000m2. Ses différents cloîtres, places, courettes, rues aux couleurs vives font le bonheur des photographes. Il fut construit en 1570 par une riche veuve et accueillait les héritières des grandes familles espagnoles qui apportaient une grosse dot pour pouvoir y entrer; les religieuses avaient à leur service plusieurs servantes chacune et au début elles avaient de grandes libertés, pouvant organiser des réceptions et vivre comme dans le grand monde. Mais en 1870 ces libertés furent supprimées et les religieuses n’avaient plus aucun contact avec le monde extérieur, il y avait en tout près de 500 personnes dans le monastère. Aujourd’hui il reste à peine une vingtaine de religieuses qui vivent dans une partie qui ne se visite pas. Depuis 1985 et la visite du pape elles ont à nouveau le droit de parler et de sortir mais au grand désespoir de Lola nous ne les avons pas vues ! Le monastère a connu plusieurs restaurations à la suite de tremblements de terre; depuis 1970 il est ouvert au public et raccordé à l’eau courante et l’électricité.
Le musée Santuarios Andinos (15 soles par adulte) est intéressant mais la visite qui se fait obligatoirement avec un guide un peu trop expédiée…et puis la “star” du musée n’était pas présente… il s’agit de la célèbre momie Juanita, la “princesse des glaces”. Jeune fille de 12-13 ans sacrifiée par les prêtres incas, elle est restée près de 550 ans dans les glaces à 6380m d’altitude. En 1995, l’éruption du volcan d’à côté a provoqué la fonte des glaces où elle se trouvait et son corps a été retrouvé dans un état de conservation remarquable, extérieurement comme intérieurement; elle fait l’objet de nombreuses recherches ADN aujourd’hui encore c’est pourquoi elle n’est pas exposée de janvier à avril. A sa place la momie d’une autre enfant, plus jeune, également sacrifiée et retrouvée sur la même montagne mais à une altitude moindre donc moins bien conservée; corps recroquevillé dans un cercueil de verre réfrigéré, lumière tamisée, ambiance un peu bizarre… je vous explique pas toutes les questions de Lola après cette visite ! un petit film avant la visite explique les différentes expéditions des archéologues dans la montagne et la reconstitution de l’expédition qui a emmené Juanita en haut de cette montagne, ça y est on plonge dans l’histoire passionnante des Incas!
A l’époque, pour apaiser les colères de la Nature donc de leurs dieux (séismes, raz de marée, tempêtes, orages etc…), les Incas avaient coutume de sacrifier de nombreux lamas mais aussi des enfants, vierges, purs et innocents qu’ils offraient à leurs dieux. Ces enfants étaient choisis dès leur plus jeune âge souvent au sein de familles nobles et emmenés à Cusco, la capitale de l’empire où ils devaient se dédier complètement aux Dieux en attendant l’heure venue de leur sacrifice… Après une rencontre avec l’Inca en personne qui lui transmettait sa divinité, l’enfant partait à pied accompagné de toute une cour jusqu’au lieu du sacrifice (dans le cas de Juanita par exemple ce fut 2 à 3 mois de marche jusqu’à plus de 6000 m d’altitude)… l’enfant était donc déjà extrêmement épuisé en arrivant. Après de grands rites et festivités, on pense qu’il était déjà endormi avant de recevoir le coup fatal sur la tête (on a retrouvé de la chicha dans l’estomac de Juanita, l’alcool traditionnel à base de maïs fermenté). Le corps était ensuite recroquevillé en position fœtale dans un tissu et mis dans un trou aux murs de pierre avec tous les objets nécessaires à sa vie dans l’autre monde auprès des dieux.
Le reste du musée comprend de nombreuses pièces dont les tissus qui enveloppaient le corps des enfants (6 ont été retrouvés sur la même montagne) et les objets qui les accompagnaient: vases, poteries, sac de feuilles de coca, figurines de lamas et vigognes en argent ou en or etc… Ce sont de très belles pièces mais il est strictement interdit de prendre des photos dans tout le musée, on dépose d’ailleurs son appareil dans une consigne à l’entrée, dommage, je ne pourrai pas vous faire partager cette expérience!
Avant de retourner sur la panaméricaine qui nous a emmené jusqu’à Nasca où nous venons d’arriver, nous avons fait un joli détour par le canyon de Colca où nous avions rendez vous avec les condors ! Je vous raconte ça au prochain numéro car ça fait beaucoup à lire le même jour mais nous n’avons pas trouvé de connexion plus tôt et la semaine a été chargée en découvertes!