Tierra del Fuego
La Terre de Feu est partagée entre le Chili (les 2 tiers) et l’Argentine. Il s’agit en fait d’un grand archipel dont la majorité des îles est inhabitée, mais quand on en parle on fait le plus souvent référence à la plus grande île (la Isla Grande ), celle qui a pour capitale Ushuaia, la soi disant ville la plus australe du monde mais soyons honnête c’est un gros mensonge commercial ! En vérité c’est Puerto Williams et c’est au Chili !! mais c’est une toute petite ville bien moins médiatique ! et puis encore plus au sud il y a aussi les stations scientifiques de l’Antarctique…
Bref comme c’est une île et qu’il n’y a pas de pont il faut donc prendre un bateau (ah bon !) et traverser le fameux détroit de Magellan, oooh !! que de noms lointains plein de magie il y a encore quelques mois et si réels aujourd’hui à nos yeux ! Cette traversée de 20 minutes par un bac peut s’avérer de toute beauté si le temps est clément mais aussi se transformer en petite torture quand la mer est démontée !! nous avons connu les deux : aller magique mais retour nauséeux !! Magique grâce à ces petits dauphins noirs et blancs, appelés « tonina overa », qui jouent à sauter dans les vagues du bateau pour notre plus grand plaisir ! A deux reprises (à Rawson et Puerto San Julian) on avait souhaité faire une excursion en bateau pour aller les voir mais le temps nous en avait empêchés… là ce n’était pas prévu et c’était encore mieux !!
Une fois de l’autre côté du détroit ce n’est pas pour autant qu’on est arrivé à Ushuaia ! Restent encore 500 km !! une centaine se fait sur piste (encore du ripio) du côté chilien car comme cette partie ne sert que pour les Argentins ou les touristes qui se rendent en Argentine, ils n’ont aucun intérêt à la goudronner ! Ensuite on repasse donc la frontière et revenons en Argentine où l’on retrouve le bitume ! Et de suite le ton est donné:
Ah? je croyais que les Falkland étaient anglaises? Bon, ça c’est LE sujet à ne pas aborder avec les Argentins… Une stupide guerre (elles le sont toutes..) perdue dont ils ne seront jamais remis… on passe.
Les paysages sont beaucoup plus variés que ce qu’on a vu en Patagonie pour le moment. C’est ici la « queue des Andes », les décors de montagnes enneigées, forêts et lacs s’alternent avec ceux des grands espaces arides où paissent les moutons.
Attention au vent et aux guanacos qui traversent !
C’est vrai que les rafales sont parfois impressionnantes, Miguel est bien accroché à son volant surtout avec les gros appels d’air quand on croise les gros camions qui permettent le ravitaillement de l’île; à cela s’ajoute de temps en temps une averse de pluie, de grêle ou de neige !! la météo de la Patagonie est surprenante!
Plusieurs haltes sympas sont possibles avant d’arriver au bout du monde. Par exemple la Mission Salésienne un peu avant Rio Grande. Elle fut fondée en 1893 dans le but d’évangéliser les Onas, une des tribus indiennes de la Terre de Feu. Une partie des bâtiments est aujourd’hui une école agricole. Par hasard nous avons assisté au travail des gauchos, guidant le troupeau de mouton vers un autre pâturage, impressionnant… même si aujourd’hui les gauchos se font aider par des motos pour faire bouger les moutons plus rapidement, c’est bruyant et ça casse un peu le charme!
Nous avons bien aimé le village de Tolhuin près du lac Fagnano. Belle vue et ambiance tranquille.
Et surtout nous avons adoré le cadre de l’Estancia Haberton, la plus ancienne de Terre de Feu. La longue piste qui permet d’y accéder offre de superbes points de vue et une vraie impression de bout du monde ! De là on aperçoit Puerto Williams, de l’autre côté du canal de Beagle en bas des jolies montagnes.
La visite de l’Estancia est très intéressante. On apprend qu’à la base Ushuaia n’était qu’une mission protestante fondée par le pasteur Thomas Bridges en 1862. Il fut le premier européen à vivre de façon permanente en Terre de Feu. Quand la ville prit un grand essor le gouvernement argentin décida de récupérer Ushuaia et proposa à Bridges de choisir les terres où il voudrait s’installer. C’est ainsi qu’il vint s’installer avec sa femme et ses 6 enfants à Haberton en 1886. Depuis la ferme est restée dans la même famille au fil des générations. Jusqu’en 1992 elle vivait essentiellement de l’élevage de moutons, aujourd’hui elle tire ses revenus du tourisme.
La salle de tonte :
La maison principale:
La vue depuis le jardin:
Les anciens cabinets eu dessus de l’eau:
Le vieux cimetière:
Reconstitution de hutte indienne:
Bridges était un grand défenseur des indiens Yamanas qui pouvaient venir se réfugier sur ses terres quand ils furent persécutés. Cette fois c’est nous qui avons trouvé refuge sur ses terres car ils autorisent le camping gratuit, il suffit de demander ils ont des endroits prévus, c’est beau, c’est calme…
A côté de l’Estancia, il y a un petit musée privé consacré aux oiseaux et aux mammifères des mers australes. Visite très instructive, on ne savait pas qu’il existait autant de sortes de dauphins différents par ici ! Le guide est un étudiant qui explique bien leur travail de nettoyage, de décapage et de classement des ossements avant de pouvoir les présenter au public.
Allez c’est tout pour aujourd’hui, la prochaine fois je vous emmène à Ushuaia…
PS: un nouvel album dispo, celui du Chili (nos premières photos)