Ushuaia
Cette ville au nom mythique a tout de la vraie ville touristique évidemment; on y entend moins parler espagnol qu’anglais, allemand ou français, tout y est relativement cher, mais elle a tout de même beaucoup de charme avec ses maisons aux toits de tôle ondulée et aux murs colorés qui s’alternent avec les chalets de montagne.
Et puis on est au bout du monde paraît-il !! Alors, nous aussi avons fait les bons touristes devant le beau panneau:
Derrière s’alignent les nombreux bateaux pour les excursions touristiques plus ou moins lointaines, de la simple balade sur le canal de Beagle aux croisières de luxe jusqu’en Antarctique… On aurait bien aimé aller serrer l’aile du pingouin empereur mais vus les prix ça sera pour une prochaine fois!
Ushuaia sera pour Lola le premier endroit où elle a découvert la neige, c’est vrai qu’en Vendée il n’y en a pas beaucoup ! « Ca brille de milles feux ! » disait-elle ! Imaginez son excitation ! Enfin les premières minutes… car après elle trouvait quand même que c’était trop froid ! Et puis nous avons fait une marche de deux heures pour monter au glacier Martial, alors les premiers pas en bottes dans la neige c’est très amusant mais à la longue ça fatigue beaucoup !!
Le glacier n’a rien d’impressionnant mais de là haut la vue sur la baie d’Ushuaia est splendide. Nous sommes montés avec le soleil mais redescendu sous des rafales de neige ! Le temps par ici change à une vitesse folle ! La nuit la température chute vite et nous avons retrouvé notre petit 5-7° dans le camping-car le matin ! Le gros avantage c’est que les journées sont très longues vu qu’il fait jour entre 5h30 et 22h passées…
Lola a adoré sa première fois en télésiège. Manquaient plus que les skis aux pieds ! Il y a bien une école de ski à Ushuaia mais l’été approchant il n’y a plus assez de neige pour le moment …
C’est sur le parking du télésiège que nous avons fait l’heureuse rencontre du gardien de nuit Jorge et de sa grande fille Tamara avec qui nous avons passé 2 excellentes soirée à parler de tout autour d’un délicieux maté (finalement quand il est doux et sucré il est très bon !!). Lola s’est trouvé une grande sœur avec qui parler anglais car elle fait des études pour être prof d’anglais, et nous à côté en train de parfaire notre espagnol argentin avec Jorge car le vocabulaire et les tournures sont bien différentes de l’espagnol qu’on connaît !
A Ushuaia nous avons visité l’ancien bagne devenu musée. Il est immense et très instructif, il y a en fait plusieurs musées en un dont une grande partie maritime avec des maquettes des bateaux des expéditions venues explorer ces terres du bout du monde, ainsi qu’une partie consacrée aux pingouins et mammifères de l’antarctique. Le bagne, lui, a cessé de fonctionner en 1947. Il avait été construit en 1902 par les bagnards eux-mêmes. Le gouvernement avait dans l’idée de peupler la région en encourageant les familles des bagnards à s’installer ici mais ce ne fut pas vraiment le cas. On nous raconte la vie des bagnards les plus célèbres, les travaux qu’ils effectuaient etc.…
Une aile entière est restée telle qu’elle et fait froid dans le dos ; les conditions de détention étaient bien entendu loin d’être exemplaires…
Dans ce musée on trouve aussi une réplique du fameux phare du bout du monde qui a inspiré Jules Vernes dans son roman…
Nous avons fait une pause de quelques jours en pleine nature dans le Parc national de la Terre de Feu qui offre de très jolis paysages du bout du monde, c’est d’ailleurs ici que se termine la route 3 qui part de Buenos Aires à 3079 km de là et traverse toute la Patagonie. L’Alaska se trouve alors à 17848 km … mais ça, ça sera pour un autre voyage!! Nous avons déjà mis 400 jours et fait près de 50 000 km pour arriver là! c’est déjà pas si mal!!
C’est dans ce parc qu’on trouve le fameux petit train du bout du monde, la réplique de celui qu’utilisaient autrefois les bagnards pour venir couper les arbres et approvisionner la prison et la ville en bois (restent aujourd’hui les nombreuses souches le long du chemin). Ce train est aujourd’hui essentiellement touristique et vaut vraiment cher pour le petit tour qu’il fait. Dans ce bout du monde il y a aussi le port du bout du monde d’où l’on peut poster ses cartes postales et faire tamponner “fin del mundo” sur son passeport! C’est une fois de plus très touristique mais on rentre quand même dans le jeu de faire la queue avec son passeport pour acheter son faux visa !!
La réserve abrite de nombreux animaux de campagne: chevaux sauvages, lapins, oiseaux, renards… qui croisent sans arrêt notre chemin.
En 1946, 25 couples de castors ont été importés du Canada pour le commerce de leur fourrure, tentative qui se solda par un échec mais depuis ils se sont reproduits à grande vitesse et leur présence à considérablement modifié l’aspect des forêts et devient aujourd’hui problématique. Les arbres ne souffrent pas seulement de la présence de ces rongeurs mais aussi des champignons parasites appelés “pan de indio” (car les indiens les mangeaient) qui provoquent chez l’arbre des nœuds plus ou moins gros avec lesquels on fabrique aujourd’hui de nombreux objets souvenir.
Pour l’anecdote il nous manquait quand même une petite aventure sur ces terres du bout du monde alors Miguel a choisi une herbe bien grasse et humide pour bivouaquer un soir… et le Sans Souci s’est misérablement enlisé dans la boue ! Après plusieurs tentatives vaines pour sortir de là, débarquent comme par magie au milieu de nulle part 2 baroudeuses hollandaises qui nous disent “we can push !”. Pousser les presque 3 tonnes du camping-car à 3 nanas, je n’y croyait pas trop mais si, ça a marché ! Au bout de 2 fois seulement mais avec beaucoup d’efforts puisqu’une des Hollandaises est quand même tombée 2 fois les genoux dans la boue ! Echange de bons procédés, le bois qu’elles avaient acheté pour faire du feu étant trop humide pour s’allumer, elles sont venues cuisiner dans le camping-car… Finalement grâce à cette faute d’inattention nous avons une fois de plus passé une super soirée d’échanges avec 2 nouvelles amies à qui l’on souhaite un très bon voyage à travers l’Amérique du Sud…