Plein les yeux !
Misiones est un bout d’Argentine coincé entre le Brésil et le Paraguay. C’est encore une fois une région bien différente des autres; l’Argentine a tant de facettes ! Et celle-ci n’est pas pour nous déplaire! Elle est dotée d’un climat tropical : végétation luxuriante, eau en abondance et terre rouge lui donne de jolies couleurs bien chaleureuses.
La région porte ce nom car c’est ici que se trouvaient les fameuses missions jésuites, 30 au total. Aujourd’hui il ne reste que des ruines: 15 sur le territoire argentin; 7 au Brésil et 8 au Paraguay. Certaines sont en cours de restauration ou de conservation, d’autres laissées à l’abandon; 7 d’entre elles sont classées au Patrimoine mondial de l’Unesco. Nous en avons visité 3 du côté argentin. Même s’il faut parfois beaucoup d’imagination pour essayer de comprendre à quoi correspondait le tas de pierres qu’on a sous les yeux, ces visites sont l’occasion de superbes balades en pleine nature, d’autant plus qu’on était presque toujours seuls …
Les travaux de restauration forcent l’admiration. La nature cherche en effet par tous les moyens à reprendre ses droits. Les arbres, par exemple poussent à travers les murs même ! Il faut alors démonter le mur pierre par pierre sans oublier de les numéroter pour pouvoir arracher les racines de l’arbre et reconstruire le mur! Il faut sans cesse consolider telle ou telle partie avant qu’elle ne s’effondre etc…
C’est que les premières constructions datent de 1609 ! C’est à partir de ce moment là que les Jésuites reçurent de la Couronne espagnole l’autorisation de fonder un Etat autonome. Il y construisirent donc les reducciones, villages indigènes interdits aux colons, qui regroupaient en un lieu unique les Indiens Guaranis traditionnellement éparpillés dans la forêt (d’où le nom de “réduction”). Leur but étant de les évangéliser et de les “éduquer” car cette région connaît de nombreuses résistances aux conquistadores. Le principe est de ne pas leur forcer la main mais de gagner leur confiance par des sermons et un enseignement religieux. Les prêtres Jésuites leur enseignaient aussi l’élevage, l’agriculture, la médecine, le dessin la musique. Il faut dire que cela fonctionna plutôt bien et les Guaranis accordèrent beaucoup d’intérêt à ces enseignements. Ils furent jusqu’à 140 000 à vivre dans ces missions, véritables villes et grands lieux de production puisqu’ils y cultivaient le tabac, l’herbe à maté, le coton, le sucre et fabriquaient de l’artisanat. Les gains apportés ainsi à la communauté permettaient entre autre de pouvoir prendre en charge les veuves, les orphelins et les personnes les plus démunies qui étaient logées dans un bâtiment exprès.
“L’âge d’or” des missions jésuites ne dura “que” 150 ans car face à l’importance économique et politique que prenaient ces “Etats” dans l’Etat, le Roi d’Espagne a tout bonnement fait expulser les Jésuites. Dominicains et Franciscains tentèrent de prendre la relève mais ce fut un échec. Une partie des Guaranis se révoltèrent et furent massacrés, d’autres retournèrent dans la forêt et d’autres se réfugièrent dans les villes. Les missions furent presque toutes détruites. Les ruines de San Ignacio Mini sont les mieux conservées de toutes:
L’autre point d’orgue de la région ce sont les chutes d’Iguazu (qui signifie “eau grande” en Guarani): 200 chutes sur 2,5km de long ! Alors forcément ça en jette ! Les cascades s’enchaînent les unes aux autres, plus ou moins hautes, plus ou moins larges, y’en a partout ! On ne sait plus où donner de la tête !
De la brume et des arcs-en-ciel partout…
Un système de passerelles très bien fait permet de s’approcher au plus près, voire de prendre une douche si l’on veut !
D’en haut, d’en bas, c’est toujours aussi beau et grandiose! On ne s’en lasse pas et la journée passe à toute vitesse !
Pour finir en beauté un petit train nous emmène voir la chute la plus impressionnante: celle du Salto Union qui tombe dans la gorge du diable ! Après le terminus on marche plus d’1 km sur une passerelle au dessus du fleuve Iguazu qui paraît relativement tranquille quand on sait ce qui l’attend quelques mètres plus loin: une vertigineuse chute dans une faille en forme de fer à cheval dont on ne distingue pas le fond plusieurs mètres plus bas tellement il y a de vapeur d’eau… Quel grondement, quelle puissance!
Et comme si la beauté de ces milliers de litres déversés chaque seconde ne suffisait pas, le parc tout entier offre de belles rencontres avec la nature si abondante et variée ici. Il y a de nombreuses espèces d’oiseaux.
Les papillons sont énormes et superbement colorés…
Les coatis (petits fourmiliers), eux sont attirés par tout ce qui se mange; attention donc car sous leurs airs d’oursons mignons ils peuvent se révéler très agressifs et ont les griffes et dents qu’il faut pour attaquer !! Ils sont très agiles, notamment pour grimper rapidement aux palmiers dattiers se remplir la panse de bons fruits et en faire tomber pour les copains restés en bas ! On a trouvé ces petites bêtes très attachantes !
Ce fut une de ces journées riches comme on les aime, histoire de nous faire apprécier le voyage jusqu’au bout et de nous faire oublier que la fin approche si vite !!
Tout au bout de la petite ville de Puerto Iguazu, nous avons choisi comme bivouac le “Hito 3 fronteras”, l’endroit où l’on peut avoir les 2 pieds en Argentine tout en ayant les 2 yeux rivés sur le Brésil et le Paraguay! 3 pays délimités par les superbes fleuves Parana et Iguazu.
Voici un carte de notre itinéraire réalisé en Argentine depuis le début, la partie en bordeaux est la dernière effectuée ou à effectuer… nous sommes encore à 700km de Buenos Aires, dans la région de Corrientes.