Une merveilleuse rencontre avec les enfants des Andes
Tout a commencé par un contact par email avec une Française, Nicole, qui a monté une association entre le département du Var et des écoles andines (voir le site ici). Elle nous a indiqué une école dans laquelle nous pourrions déposer des sacs de vêtements trop petits pour Lola. Pour arriver au village de Puesto Sey où se trouve l’école il faut faire 70 km de piste pas trop mauvaise (par temps sec du moins) mais sinueuse à travers les hauts plateaux des Andes, qu’on appelle ici “ la puna “. Encore une fois nous avons l’impression d’être les seuls à venir par ici, on traverse seulement 2 petits villages, croise quelques “suris ” (de petites autruches), lamas et ânes, un rio boueux et on s’émerveille toujours des teintes que prend la nature quand le soleil décline … On est à plus de 4000 mètres d’altitude, on prend le temps de vivre…
Et puis on arrive à des milliers d’années lumière de Buenos Aires, Puesto Sey, village typique du nord ouest argentin avec maisons en adobe (briques faites d’un mélange de boue et de paille séchée) et ruelles de terre battue. Malgré les quelques 200 familles qui y vivent on ne croise pas grand monde. La principale activité des foyers est de s’occuper de leurs animaux (lamas, chèvres et ânes le plus souvent) et de faire du tissage pour les femmes.
Là où il y a le plus de vie incontestablement c’est dans l’école ! Ca chante, ça joue de la musique, ça rit… mais ça travaille aussi ! Delia, la directrice fort sympathique, nous a accueilli les bras ouverts et grâce à elle nous avons pu apporter plus que des vêtements… Sur 3 jours nous avons organisé la visite de notre maison roulante pour la cinquantaine d’élèves et leurs instituteurs et avons diffusé avec notre ordinateur des diaporamas de notre voyage en privilégiant les animaux d’Afrique mais aussi les paysages et la faune d’une Argentine bien lointaine pour eux (Patagonie, Ushuaia…), en essayant de répondre du mieux qu’on pouvait à toutes leurs questions…
séance vidéo… visite du Sans Souci…
Et quelques réparations électriques et autres pour Miguel !
Ces enfants de 4 à 12 ans sont vraiment attachants. Ils sont plutôt timides au premier abord puis au fur et à mesure que la confiance s’installe, les langues se délient… Ils ne sont pas habitués à l’affection des adultes, leur mode de vie familiale est très rude, tout comme le climat de leur région. Nous sommes venus à la période la plus clémente, mais l’hiver ici est terrible. Et pendant les vacances et les week-end, les enfants d’ici ne sont pas au repos comme chez nous, bien au contraire, c’est leur seconde vie: celle des jours et des nuits dans le “campo” à s’occuper des animaux avec leurs parents, dans le froid et le vent qui ravinent leurs petites joues et dont beaucoup ont parlé dans les dessins accompagnés de récits qu’ils nous ont offerts… Et pour eux pas question de se plaindre, ce n’est pas dans la culture de leur communauté, la vie est ainsi…
L’école apparaît donc ici comme une délivrance pour ces enfants : se rendre compte qu’il y a autre chose que la vie dans la montagne, qu’on peut envisager de quitter son village et apprendre un métier, que les enfants n’ont pas que des devoirs mais aussi des droits etc… Ils ont soif de connaissance, dévorent les livres de la bibliothèque et jouent merveilleusement bien de la musique.Tout est bien organisé ici et grâce aux dons, à l’investissement des instituteurs et aussi un peu à l’état, c’est une école qui a finalement pas mal de moyens (en tout cas bien plus que celles d’Afrique si l’on peut comparer…). Certes il n’y a l’électricité qu’à partir de 15h30 et il n’y a pas de chauffage. Mais ils reçoivent de quoi nourrir tous les enfants: un cuisinier préparent petit déjeuner, déjeuner et goûter pour tout le monde tous les jours, les enfants ont ainsi des repas bien plus complets et équilibrés que dans leur foyer. Une douzaine d’enfants reste toute la semaine à l’école, ils dînent puis dorment dans des dortoirs avec matelas et couettes neufs alors que chez eux c’est souvent une peau de bête qui sert de lit...
un jardin d’hiver… le fourla cuisine et l’aide cuisinière
le réfectoire (où l’on remercie le seigneur tous en coeur avant et après chaque repas)
lever du drapeau argentin dans la cour (tous les matins et tous les soirs au son des flûtes de pan)
salle de classe classe de la directrice
Une mention spéciale pour ces instituteurs qui bien qu’il n’aient pas plus de 10 élèves par classe ont des conditions de travail vraiment dures dans le sens où ils ne sont pas de la région et viennent ici pour la semaine entière, loin de leur famille; ils font en moyenne 10 heures de bus pour venir travailler, logent dans des chambre sommaires qu’ils doivent se payer, le tout pour 500€ par mois, c’est peu mais c’est le double d’un salaire normal de professeur… N’empêche qu’il faut être motivé ou passionné !
Lola de son côté s’est plus que bien intégrée puisqu’on ne l’a pas beaucoup vue pendant 3 jours ! Elle a adopté le “jardin infantil” (l’équivalent de notre maternelle à nous) et ses camardes de jeux, faisant des progrès incroyables en espagnol! Elle partageait aussi leur table lors des repas, à sa plus grande joie ! Ce qui lui a rappelé plein de souvenirs de l’école en France (et puis il faut bien se préparer au retour aussi… mais ça je vous en parlerai prochainement…) !
La musique fait partie intégrante de la culture de ces communautés lointaines et nous avons eu le droit à une bonne partie de leur répertoire ! Emouvant, envoûtant, l’impression d’être complètement déconnecté ! ces enfants jouent si bien !
Et puis pour terminer notre incroyable séjour parmi eux nous avons assisté à une fête organisée par des animateurs employés par une grosse entreprise qui a pour projet d’ouvrir une mine de cuivre dans les environs, ça c’est pas forcément une bonne chose mais les enfants eux, ont profité pleinement des jeux qui étaient organisés : courses en sacs, chaise musicale, concours de dessin, de puzzle, jeux d’adresse etc… Le tout en musique et en danse avec décorations de couleurs vives, bonne ambiance !
Il est de ces endroits qu’on a du mal à quitter tant on s’y sent bien…
Merci encore à eux tous, à Délia pour l’accueil naturel et chaleureux et à Nicole pour le contact, on comprend très bien comment elle a pu avoir le “coup de foudre” pour ces enfants, dans ces lieux si reculés qui nous font revenir à l’essentiel…